Une partie de TowerFall pour travailler les adverbes

Récemment, j’ai utilisé le jeu TowerFall en cours de français (deuxième année). L’idée m’est venue en regardant les vidéos Youtube d’un élève qui commente et arbitre des compétitions du card game Hearstone (Blizzard, 2014).

Présentation

Je cherchais justement un moyen de travailler de manière ludique – mais intelligente – les adverbes de manière (ex : peureusement, rageusement, gentiment…). Je souhaitais surtout que cet apprentissage fasse sens aux élèves, sans tomber dans une approche trop académique ou trop artificielle. Mon choix s’est tourné vers TowerFall pour trois raisons : 1) c’est un jeu que j’apprécie énormément et que je trouve fun à jouer ; 2) les parties sont simples, rapides et facilement personnalisables ; 3) il propose un cadre de jeu qui m’a permis de me réapproprier facilement les pratiques de mon commentateur e-sportif.

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Pour info, Towerfall Ascension (14,99 euros sur Steam) est un jeu de combat en 2D, sorti en 2013 et développé par Matt Thorson. Tout en pixel art, il propose des combats en arène dans une ambiance médiévale : jusqu’à 4 joueurs peuvent s’affronter ou faire équipe contre des vagues de monstres. Les commandes sont très simples et intuitives : on se déplace avec les touches multidirectionnelles (ou un joystick si vous jouez avec une manette), on saute avec une autre touche et on tire des flèches à l’aide d’une dernière. That’s all ! Une extension, Dark World, est sortie en 2015 et ajoute du contenu supplémentaire.

Le matériel que j’ai utilisé

Pour cette activité, j’ai simplement emporté  mon MacBook et une manette PlayStation 4 supplémentaire pour permettre à deux élèves de s’affronter. J’avais déjà acheté le jeu en dématérialisé sur Steam. Une petite enceinte que j’ai toujours avec moi (une Rockbox Cube) m’a permis de renforcer le son pour le côté immersif.

Quelle utilisation en classe ?

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L’idée est la suivante : la classe est divisée en 3 groupes de travail : les joueurs (2 élèves), les arbitres (2) et le public (9). C’est une petite classe : pour un plus grand groupe, il me semble qu’on peut prévoir jusqu’à 4 joueurs et 4 arbitres.

J’explique d’abord brièvement les règles du jeu en jouant une partie avec un élève. Une fois les mécaniques bien comprises, je donne les consignes de travail puis tout le monde se met au boulot.

On fonctionne par « tours ». À chaque tour, deux joueurs s’affrontent à TowerFall pendant que deux arbitres commentent oralement et en direct la partie. Pour les arbitres, le challenge est d’employer le plus d’adverbes de manière possible pour donner au match un caractère épique (les champs lexicaux des armes et du combat ont été vus précédemment dans ma séquence sur le registre épique). Pendant ce temps, le public doit noter tous les adverbes entendus.

Lorsque la partie est terminée, on comptabilise les différents adverbes employés par les commentateurs. S’ils ont employé un même adverbe à plusieurs reprises, ils sont invités à aller rechercher des synonymes dans un dictionnaire. Lorsqu’ils joueront une nouvelle partie, le défi consistera à employer les synonymes découverts.

Pendant que les arbitres recherchent des synonymes, le public vérifie l’orthographe des adverbes qu’ils ont recopiés en utilisant les référents à leur disposition : des dictionnaires et le cours. Durant les tours suivants, les membres du public peuvent aussi aider les joueurs à trouver des synonymes en consultant ceux qu’ils ont notés lors des tours précédents. C’est aussi l’occasion de varier les registres de langue des adverbes employés.

À la fin de chaque tour, les joueurs deviennent arbitres, les arbitres rejoignent le public et deux membres du public deviennent les joueurs. Chacun expérimente ainsi différents rôles et opèrent plusieurs apprentissages. Pour consolider ces derniers, chaque élève devrait dans l’idéal avoir arbitré plusieurs fois.

Feedback

Cette séquence de cours présente selon moi plusieurs avantages : outre le caractère motivant évident de l’utilisation d’un jeu vidéo, l’emploi des adverbes de manière est cadré par une activité (le jeu et son arbitrage) qui fait sens (souligner et construire un registre épique) et qui permet d’expérimenter les nouveaux mots appris.

Une dynamique de collaboration est générée par les interactions des élèves puisque le public renvoie directement aux arbitres un feedback qui se formalise à travers un objectif de remédiation, de consolidation ou de dépassement à atteindre la prochaine fois (utiliser de nouveaux adverbes).

Puisque le groupe s’autogère (chaque élève passant d’un rôle à l’autre en appliquant les consignes simples, qui ont été expliquées), je peux aider les élèves à la correction de l’orthographe et à la vérification du sens des adverbes. C’est aussi l’occasion de donner quelques astuces pour améliorer l’expression orale.

En variant les rôles, les élèves passent par différentes postures de travail : identification à l’écoute des adverbes, mémorisation lexicale et orthographique à l’écrit, expérimentation à l’oral.

Toutefois, le dispositif mérite d’être amélioré sur certains points : il manque, par exemple, une posture de travail dans laquelle les élèves pourraient reconfigurer leurs apprentissages dans une tâche de réinvestissement. On pourrait par exemple penser à faire enrichir un extrait de texte en rendant ce dernier plus épique à l’aide des adverbes travaillés dans la séquence. Cette étape permettrait d’opérer un transfert d’un contexte d’oralité vers un contexte d’écriture.

Enfin, il me semble que cette activité pourrait être facilement transposable dans une classe de langues. N’hésitez pas à partager vos avis et vos suggestions pour m’aider à améliorer le dispositif.

Gaël

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